Il travaille à l’IDEEV : Daniel Berveiller, ingénieur de recherche à ESE

 28/03/2025

Il travaille à l'IDEEV : Daniel Berveiller, ingénieur de recherche à ESE

Il passe une grande partie de son temps dans les airs, au-dessus de la canopée, mais il n’en a pas moins les pieds sur terre ! Daniel Berveiller, ingénieur de recherche au laboratoire Ecologie Société Evolution   , est le nouveau portrait de l’IDEEV.

Daniel Berveiller, vous êtes ingénieur de recherche au CNRS au laboratoire ESE de l’IDEEV. En quoi consiste votre travail ?

J’ai plusieurs casquettes. Mon rôle principal est celui de responsable de la plateforme de Barbeau   (photos à droite et ci-dessous), station de recherche en milieu naturel, localisée en forêt domaniale de Barbeau, proche de Fontainebleau. J’y assure, en tant que Principal Investigator, la coordination des activités de monitoring dans le cadre de l’Infrastructure de Recherche européenne ICOS   .

Avec mes collègues, nous y mesurons principalement les flux de gaz à effet de serre (surtout dioxyde de carbone et vapeur d’eau) entre l’atmosphère et l’écosystème forestier. Sur le terrain, la « tour » de 35 mètres de haut est équipée de capteurs météorologiques (pluviométrie, température, humidité, vitesse du vent…) et de capteurs de rayonnement. Le sol est également équipé de divers capteurs qui mesurent températures, humidité, flux de chaleur, respiration, hauteur de nappes (superficielles ou aquifères)… (seconde photo ci-dessous, Daniel Berveiller à gauche et Alexandre Morfin, ESE). La grande majorité des données acquises sur le site sont réalisées dans de la cadre d’ICOS mais d’autres projets, français et internationaux, s’y déroulent également en parallèle (9 en cours, ERC, ANR, Horizon 2020…). J’assure également sur la plateforme le management de l’équipe technique qui accompagne les chercheurs et enseignants-chercheurs de l’équipe Ecophysiologie Végétale d’ESE mais aussi les équipes externes pour de nouveaux suivis environnementaux. A cela s’ajoute des tâches récurrentes associées comme le suivi du budget dédié, la gestion du flux de données et la communication (site web et réseaux sociaux).

Une autre de mes casquettes est la coordination du Réseau Technologique sur les Capteurs en Environnement   . Labellisé en 2024, il a rejoint les 26 réseaux métiers nationaux de la Mission pour les Initiatives Transverses et Interdisciplinaires   du CNRS et compte actuellement plus de 430 membres.

En tant que représentant de l’ Institut Ecologie et Environnement   du CNRS à la Commission Spécialisée en Instrumentation Innovante et Transverse de l’ Institut National des sciences de l’Univers   du CNRS, je suis amené à évaluer des projets et participe à l’organisation de colloques nationaux.

Enfin, plus récemment, j’ai accepté d’être Référent des données de la Recherche (RdR) au sein de l’ESE et co-coordinateur du Plateau Technique d’Instrumentation en Ecologie de l’IDEEV.

Quel parcours académique avez-vous suivi ?

Après un Diplôme d’Etudes Approfondies en Biologie Forestière à Nancy, j’ai été recruté en tant qu’ingénieur d’étude en 2002 au CNRS, à l’ESE. Ma mission principale était d’accompagner les chercheurs et enseignants-chercheurs dans leurs projets de recherche. Mes activités étaient localisées en partie au laboratoire pour y effectuer des analyses biochimiques et en partie sur le terrain pour y réaliser des mesures de flux de CO2 à l’échelle de l’organe de la plante (feuille, branche, tronc). En 2005 j’ai commencé en interne une thèse de doctorat à mi-temps de mon travail d’IE en utilisant les techniques déjà maitrisées et d’autres de biologie moléculaire ou de microscopie électronique et confocale, en collaboration avec d’autres laboratoires du campus d’Orsay ou de Gif-sur-Yvette, thèse que j’ai soutenue en 2008.

Plus tard, j’ai accompagné l’ancien responsable de la plateforme de Barbeau pour y installer des centrales d’acquisition de données (dataloggers, enregistreurs de données) dédiées aux mesures micro météorologiques en forêt et aux mesures sur les arbres. Les expériences acquises à cette occasion et dans le cadre d’une ANR où j’avais la responsabilité technique d’un spectromètre laser m’ont permis de développer de nouvelles compétences en instrumentation. J’ai réussi le concours d’ingénieur de recherche et j’ai alors pris la responsabilité de la plateforme de Barbeau, poste que j’occupe maintenant depuis 13 ans.

Qu’est-ce qui vous a poussé à faire de la recherche ?

Ce sont principalement deux stages que j’ai réalisés à l’INRA en 2000 et 2002 lorsque j’étais en licence puis en DEA, stages qui portaient déjà sur l’étude des arbres.

Quel objet vous semble représenter le plus votre travail ?

L’arbre. C’est l’objet d’étude sur lequel j’ai toujours travaillé depuis ces stages à Nancy, notamment les chênes. J’étudiais alors les conséquences de l’excès d’eau dans le sol puis l’impact de l’ozone sur l’écophysiologie de jeunes arbres.

Une anecdote ou une rencontre qui vous a marqué ?

Lors d’un voyage en Finlande pour une assemblée des PI de stations ICOS européennes, nous avons logé sur le site de Hyytiälä, magnifique station de recherche forestière au bord du lac Kuivajärvi. Outre les équipements scientifiques, la station est équipée de logements, de la restauration et… de saunas ! Le sauna étant une institution en Finlande, le passage y était incontournable tous les jours en fin d’après-midi. Je me retrouvais alors avec des pontes du domaine, dans la vapeur brulante, dans mon plus simple appareil. Suivi d’un court passage dans le lac gelé juste après !!!

Quelle importance accordez-vous à la médiation scientifique ?

Je fais de la médiation scientifique depuis quelques années, soit en accueillant des groupes de visiteurs (plutôt académiques) sur le site de Barbeau, soit en présentant mon travail et la plate-forme à des scolaires, comme fait récemment à l’IDEEV.

A la demande de l’ Office National des Forêts   , l’équipe a reçu il y a quelques années, deux groupes de 30 et 60 personnes (départements santé des forêts et recherche) et des étudiants lors d’une école d’été organisée par l’ IPS2   . Nous organisons en mai 2025 pour le personnel de l’IDEEV, la première visite du site.

Votre mot de la fin ?

De par mon expérience, j’essaie maintenant de mettre davantage d’énergie dans l’accompagnement des projets, la formation vers les jeunes recrutés, de passer la main en quelque sorte en leur expliquant le savoir-faire, pour décloisonner au maximum les disciplines à travers l’interdisciplinarité.

Propos recueillis par Isabelle Genau et Sylvie Salamitou, communication IDEEV - Février 2025