Elle travaille à l’IDEEV : Mélisande Blein-Nicolas, ingénieure de recherche à GQE

 11/08/2025

Elle travaille à l'IDEEV : Mélisande Blein-Nicolas, ingénieure de recherche à GQE

Mélisande Blein-Nicolas jongle des protéines aux finances

Mélisande Blein-Nicolas, vous êtes ingénieure de recherche INRAE à GQE-Le Moulon   . Quelles sont vos activités ?

J’ai de nombreuses activités qui s’inscrivent dans deux missions principales. Ma première mission est d’être responsable scientifique de la plateforme d’analyse protéomique de Paris Sud-Ouest (PAPPSO)   et responsable locale du site de PAPPSO adossé à GQE-Le Moulon. J’effectue cette mission avec l’aide d’un comité de direction composé de deux autres personnes. Cette mission recouvre de nombreux aspects depuis la définition, avec l’équipe, de l’orientation stratégique et scientifique de la plateforme sur les cinq ans à venir à la gestion financière (la plateforme génère des recettes) et des personnels, en passant par la labellisation et la certification.

La plateforme PAPPSO est un outil mutualisé expert en analyse protéomique d’échantillons biologiques dont l’objectif est d’identifier et quantifier le contenu en protéines des échantillons et d’analyser les modifications post-traductionnelles (les protéines peuvent être modifiées une fois traduites). Elle est située sur deux sites, l’un à GQE-Le Moulon, spécialisé dans l’analyse d’échantillons végétaux, l’autre à l’ Institut Micalis   à Jouy-en-Josas, orienté vers l’analyse d’échantillons microbiens, notamment du microbiote intestinal humain, et animaux. PAPPSO compte six agents permanents à GQE et trois à Micalis. Je suis responsable hiérarchique de trois d’entre eux à GQE.

PAPPSO a trois missions : l’analyse protéomique, le développement (technique, analytique, bioinformatique) et la formation des utilisateurs et de la communauté scientifique. PAPPSO vend des prestations à des instituts publics de recherche et à des entreprises privées, en général français (toutefois il existe quelques partenaires européens et internationaux) comme les fabricants de ferments pour l’agroalimentaire (surtout à Micalis). Dans le cadre de ces prestations, nous préparons les échantillons (par exemple feuilles, racines), nous réalisons l’analyse du protéome par spectrométrie de masse, nous traitons les données grâce aux outils informatiques que nous développons et, nous compilons un rapport de résultat qui est envoyé directement aux demandeurs. La plateforme participe également à des projets de recherche en tant que partenaire. Pour réaliser nos analyses, nous disposons de plusieurs appareils de pointe dont un tout nouveau spectromètre de masse qui sera prochainement installé à GQE.

Ma deuxième mission est le développement des recherches dans le cadre de l’équipe Biologie de l’Adaptation et Systèmes en Evolution (BASE)   de l’UMR. Mes travaux de recherche portent sur la tolérance à la sécheresse du maïs par une approche de biologie des systèmes qui utilise la protéomique. Je co-encadre des thèses dans ce domaine (actuellement thèse de Maëla Sémery).

En plus de mes deux missions principales, j’ai aussi plusieurs activités transversales. Depuis 2022, je supervise le service de gestion financière de GQE, notamment en ce qui concerne l’organisation du travail des agentes. Je suis responsable hiérarchique de trois personnes qui gèrent la gestion financière et les RH de GQE : j’ai un rôle (environ 10 % de mon temps) d’animation et d’accompagnement de l’équipe dans son travail (réunions mensuelles, gestion des fichiers partage, suivi des contrats…). Cela m’aide aussi à suivre la gestion financière de la plateforme PAPPSO : suivi des recettes, prévisionnel pour l’achat de nouvel équipement, d’embauche de CDD. J’enseigne aussi ponctuellement en Licence et Master à l’ Université Paris-Saclay   et à AgroParisTech   (par exemple cours d’introduction à la protéomique) et des étudiants viennent régulièrement se former à l’analyse protéomique sur la plateforme, je les accueille et les oriente. Je fais partie de la commission d’évaluation des ingénieurs de l’ INRAE   et j’anime des réseaux métier, comme le Protéome Vert ou les Journées omiques végétales.

Quelles études avez-vous suivies ?

Après l’obtention d’un bac scientifique, j’ai fait deux ans de classe préparatoire aux grandes écoles en biologie, puis j’ai intégré l’Ecole Nationale Supérieure d’Horticulture et d’Aménagement du Paysage (ENSHAP, aujourd’hui Institut Agro Rennes-Angers   ). En troisième année, je me suis spécialisée en génétique et amélioration des plantes puis, en 2004, j’ai entrepris une thèse à l’INRA de Rennes sur la résistance à un champignon du blé tendre. Après un post-doc pour deux ans au CIRAD   à Montpellier (sur la résistance du riz à un champignon pathogène), en 2010 je suis arrivée à GQE-Le Moulon, en post-doc toujours, pour travailler sur l’hétérosis chez la levure. Deux autres post-doc ont suivi, un sur le maïs et l’autre sur le tournesol pour des projets dont la plateforme PAPPSO était partenaire. En 2015, j’ai saisi l’opportunité de l’ouverture d’un poste d’Ingénieure de Recherche INRAE pour la plateforme PAPPSO à GQE pour me présenter au concours, j’ai obtenu le poste.

Quelle a été votre motivation pour faire de la recherche ?

J’ai toujours été attirée par la biologie sans savoir que je voulais en faire mon métier. Au lycée, j’ai vu des photos de laborantins avec blouse blanche et pipettes sur une plaquette métier donnée par la conseillère d’orientation, cela m’a ouvert des horizons. Je me suis engagée en classe préparatoire biologie mais c’est lors de mon stage de Master 2 dans un laboratoire en Espagne que j’ai décidé que la recherche était ma voie et que je souhaitais continuer en thèse.

Quel objet représente le plus votre travail ?

C’est mon ordinateur ! Je passe mes journées sur mon ordinateur, je ne travaille plus en laboratoire. Je laisse ma place à mes collègues Thierry et Marlène, qui sont bien plus experts que moi en spectrométrie de masse, pour piloter les machines.

Une rencontre vous a-t-elle marquée ?

Michel Zivy (directeur de recherche CNRS) était l’ancien responsable de la plateforme. C’est lui qui m’a recrutée en post-doc en 2010. Il m’a tout appris de la protéomique puis m’a préparée à administrer la plateforme lorsque j’ai été titularisée. Tournant majeur dans ma carrière !

Quelle est la part de la médiation scientifique dans votre agenda ?

J’aime la médiation scientifique mais j’ai moins de temps à y consacrer qu’il y a quelques années. J’ai créé des ateliers pour la fête de la science : dérive génétique et spectrométrie de masse (photo de droite) qui sont encore en usage. J’apprécie le côté créatif et inventif de montage de l’atelier et aussi de devoir faire l’effort de simplifier mon discours pour rendre la science accessible au plus grand nombre. J’accueille volontiers des collégiens et lycéens dans le cadre de projets (par exemple Des Plantes et des Hommes   ).

Une conclusion ?

Mon poste de responsable de plateforme foisonne d’activités diverses et variées. C’est riche et stimulant, je ne m’ennuie jamais ! Mais il demande aussi beaucoup d’énergie et d’organisation. J’essaie avant tout de garder la tête froide et de prendre les choses les unes après les autres en fonction de leurs priorités pour ne pas me laisser déborder.

Propos recueillis par Isabelle Genau et Sylvie Salamitou, communication IDEEV - Photos : I. Genau - Mai 2025