Comprendre les risques d’extinction en utilisant des échantillons historiques de muséums comme série temporelle génétique

Comprendre les risques d’extinction en utilisant des échantillons historiques de muséums comme série temporelle génétique

SémIdeev
 13/06/2025
 12:00:00
 Samuel Gornard, MNHN
 IDEEV - Salle Rosalind Franklin

Le monde fait face à la sixième extinction de masse, causée par les changements globaux liés aux activités humaines. Face à cette menace, tous les taxons ne sont pas égaux : certains traits écologiques pourraient être liés à un plus grand risque d’extinction, comme une petite aire géographique ou une petite niche écologique. De la même manière, dans les écosystèmes insulaires, les vieux taxons sont également plus à risques. Cependant, il est généralement difficile de distinguer le rôle relatif des facteurs anthropiques ou naturels de déclin et la susceptibilité à l’extinction des espèces. La génétique des populations peut éclairer ce sujet en détectant les pressions de sélection façonnant les génomes des espèces menacées. Toutefois, ces études manquent souvent de perspectives temporelle et comparative. Dans ce contexte, l’archipel des Mascareignes représentent un modèle saisissant pour étudier les impacts des changements anthropiques sur les risques d’extinction des espèces. En effet, les données historiques et paléontologiques montrent que ces îles étaient dépourvues de présence humaine jusqu’au 17e siècle. L’impact de l’arrivée humaine récente sur Maurice a été surprenamment sévère puisque la forêt primaire a diminué de 98%, accompagné par l’extinction de 30 à 57% de la faune vertébrée. Ainsi, notre étude se focalise sur deux espèces proches d’oiseaux mauriciens, Zosterops mauritianus (Zosterops gris de Maurice) et Zosterops chloronothos (Zosterops vert de Maurice). Tandis que la première est communément trouvée sur toute l’île, la seconde est en danger critique d’extinction selon l’IUCN et ne se trouve plus que dans la petite zone où demeure la forêt primaire. Nous faisons l’hypothèse que la première espèce a pu demeurer commune en s’adaptant par sélection naturelle, tandis que la plus rare n’a pas pu, et a donc décliné. Nous avons utilisé des échantillons de muséums et d’autres collectés récemment pour constituer une série génétique temporelle afin de tester la présence de traces de sélection dans le génome des deux espèces, avant de les comparer.